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Trois fois rien

Aujourd'hui, je vais vous parler un peu de ce qui vibre en moi. L'odeur du cacao. J'étais en train de faire fondre du beurre de cacao, toute à mes préparatifs de mon Bal de Yule, toute à ce Noël qui approche quand soudain... Une odeur délicieuse a envahi l'espace et m'a renvoyée loin, bien loin de mon laboratoire. Cette histoire commence il y a 15 ans maintenant. Je décide, avec mon compagnon de l'époque, de partir en vacances au soleil. Direction la Guadeloupe, terre rêvée pour la collectionneuse d'orchidées et la passionnée de plantes que je suis.


C'est que, voyez vous, j'étais en train de me préparer à devenir professeur des écoles. Rien que ça. Une vie toute tracée, une vie de pédagogie, de rires d'enfants, de rendez vous avec les parents et une vie sans vacances hors vacances scolaires, les fameuses. Exit les vacances pas trop chères, celle des non-parents, ou des petits vieux. Alors, je me disais, mince, c'est peut être la dernière fois avant jamais, je suis encore étudiante, lui il travaille, on fonce, on réserve. Après, on aura une vie formidable, moi je serai fonctionnaire, vive la sécurité de l'emploi et la vie bien rangée, bien tracée, bien sous tous rapports. Ça sera merveilleux, mais profitons-en tout de même un peu, avant. A cette époque, j'ai 23 ans, et, concernant mon futur, je respire la naïveté. Mieux, j'en mange au petit déjeuner. Je ne le sais pas encore, mais ce goût délicieux, au fil du temps, va se teinter d'amertume.

Mais je digresse, alors, montons dans cet avion et envolons nous vers le soleil des Antilles. Je découvre un monde tout à fait nouveau pour moi, je m'émerveille, et puis je rencontre le cacao. Le vrai, pas juste le chocolat. La cabosse encore fraîche, les étapes de sa transformation, le vrai chocolat chaud à l'eau.

De ces vacances je rapporterai des souvenirs magnifiques, la couleur de l'océan gravée dans mon cœur, le vrai goût des mangues et un morceau de cacao. En me disant, au fond de moi, t'as bien fait d'en profiter ma grande, après il y aura le boulot, les enfants, les fameuses vacances scolaires et peut être plus jamais de voyage.

Les années ont passé, la fonctionnaire que j'étais n'a en effet pas eu trop d'occasion de voyager, une seule en vérité. Peut être un jour vous narrerai-je ce petit morceau de mon cœur que j'ai laissé au Québec.

Je n'ai jamais oublié ce morceau de cacao rapporté dans mes valises, l'odeur si caractéristique que j'ai senti là bas, un jour de février. Alors, ce beurre de cacao qui fond lentement dans mon labo, qui imprègne chacun des recoins de mon âme, pourrais-je dire, il a une odeur de liberté, de voyage. Il dit que quand tu crois que tout est tracé, figé, et que parfois peut être tu désespères, en changeant de point de vue tu peux te libérer. Ce beurre de cacao qui fond m'ouvre des horizons différents, me dit qu'un jour, on y retournera, ma nostalgie et moi. Il crée un pont entre mon passé et ce qui sera. Alors oui, je digresse mais quand je saponifie, j'ouvre mes ailes, un peu, et je prends mon envol. Je voyage. Juste un petit peu. Juste... Trois fois rien.




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